«Affectif» ou «affectueux»? «Gourmand» ou «gourmet»? La langue française comporte de nombreuses nuances. Naturellement, il nous arrive de mélanger les sens des mots. Florilège.
Quelqu’un de «joli» est-il systématiquement «mignon»? Ou «beau»? Une «occasion» est-elle une «opportunité»? Est-on «réticent» ou «récalcitrant»? La langue française a de multiples teintes et nuances. C’est tout naturellement qu’il nous arrive de mélanger les sens des mots. Florilège.
● Affectueux ou affectif?
La nuance est fine. «Affectueux», peut-on lire sur Le Trésor de la langue française, signifie: «qui marque ou manifeste de l’affection». L’on dit d’un enfant, d’un frère ou encore, d’un ami qu’il est affectueux. Une personne affectueuse, comme le rappelle l’Académie française dans sa rubrique Dire / Ne pas dire, est également quelqu’un «qui exprime l’affection, la tendresse». En l’occurrence, on parle d’un geste ou d’un regard affectueux.
«Affectif», lui, a un sens «un peu plus technique», notent les sages. Il concerne «les états de plaisir et de douleur qui touchent la sensibilité». Comprenez donc: les émotions, les sentiments sont des phénomènes affectifs. Par la suite, l’adjectif prend un nouveau sens: «qui relève de la seule sensibilité, qui est irrationnel». L’on dit par exemple d’une réaction qu’elle est «purement affective».
● Conclusif ou concluant?
Ces mots ont la même racine et viennent du latin concludere, «fermer ; donner une conclusion, déduire». Cependant, ils n’ont pas le même sens. «Concluant» est un synonyme de «convaincant, probant, décisif», notent les Académiciens. Il signifie «qui conclut en éliminant toute incertitude, qui prouve bien ce qu’il faut prouver». Exemple: «C’est un argument concluant».
«Conclusif» s’emploie pour parler de ce «qui marque la conclusion d’un raisonnement, d’un discours». Exemple: «Un paragraphe conclusif d’un exposé ; une proposition conclusive».
● Gourmand ou gourmet?
Il y en a qui s’empiffre et un qui savoure. Comme le rappelle Le Trésor de la langue française, le «gourmand» est celui «qui mange avec avidité et avec excès». L’on s’imagine un individu qui n’a que faire de la qualité du mets, de la décoration de la table, des différentes saveurs d’un plat. Il se jette sur la nourriture et la dévore.
Pour le gourmet, en revanche, «le repas est un plaisir qu’il déguste et savoure en vous complimentant sur la beauté de votre composition florale et la délicatesse de vos assiettes», note Jean-Loup Chiflet dans son ouvrage Les nuances de la langue française (Figaro). C’est un connaisseur, un esthète. Ou, comme on peut le lire sur le site du CNRTL, quelqu’un qui «sait goûter et apprécier les vins». Le mot vient de l’ancien anglais grom, «jeune garçon» qui donne, en ancien français, grommes, «valet», dès le XIIIe siècle. Il a ensuite subi dans son évolution sémantique, l’influence du terme «gourmand».
● Velléitaire ou volontaire?
Le mot décrit les paresseux; ceux qui ont de grands projets dont on ne voit pas le jour; «celui qui se voit déjà gardien de but mais qui ne s’inscrit pas à un club de foot». L’adjectif «velléitaire» s’emploie pour qualifier celui «qui n’a que des intentions fugitives, qui est incapable de prendre des décisions et de passer aux actes». Ces indécis qui, plutôt que d’affronter un éventuel échec, préfèrent ne pas agir. Le «volontaire», lui, est une personne «qui fait preuve d’une volonté ferme, d’obstination».
● Sabler le champagne ou sabrer le champagne?
Au XVIIe siècle, peut-on lire sur le site de l’Académie française, le verbe «sabler» signifie «couler dans un moule fait de sable». C’est ainsi probablement «par allusion à la matière en fusion versée dans le moule que sabler a pu prendre le sens de boire d’un trait». Ainsi, on peut sabler un verre de vin comme le champagne. Par extension, «sabler le champagne» a fini par signifier «célébrer un événement en buvant du champagne».
«Sabrer le champagne» est attesté dans d’autres dictionnaires au sens d’«ouvrir une bouteille de champagne en tranchant le goulot d’un coup de sabre». L’expression est plus récente et serait née au début du XXe siècle.